Evènement relaté dans "Mémorial de la Résistance dans la Loire" édité par le comité de la Loire de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (A.N.A.C.R.).
Angeli dit "John", Alexandre Drevet, alias "Alex" Vial et Barnier.
C'était le 3 avril 1944. Ce jour là, la brigade spéciale du camp Wodli avait une mission à accomplir dans la vallée de l'ondaine. Elle était constituée par le lieutenant Angeli dit "John", Vial, Barnier et Alex, le chauffeur.
Notre camarade Camille Pradet, président de l'A.N.A,C.R Loire se trouvait au camp Wodli et ayant une mission à accomplir, profita du véhicule jusqu'à Firminy. Il raconte...
" Je me souviens encore de cette journée. Il faisait un temps printanier, et après le rude hiver que nous venions de passer dans les bois, ce soleil nous réchauffait le coeur et nous redonnait la joie de vivre.
Tout au long de la route, ce ne fut que chansons entonnées joyeusement, sans souci des dangers qui nous menaçaient. Vial et Barnier, jeunes et joyeux lurons, étaient les meneurs de jeu.
À midi, nous nous étions arrêtés à Aurec pour manger. L'hôtelier avait dû deviner qui nous étions, car en repas copieux nous fut servi, fait rare à l'époque."
À Firminy, Pradet s'en fut à ces rendez-vous, sans se douter qu'il ne reverrait plus deux de ses camarades.
En effet, c'est en fin de soirée qu'il apprenait, par un agent de liaison, qu' une fusillade avait éclaté dans la ville, entre des maquisards et des miliciens. Que s'est-il passé?.
Leur mission accomplie, John et ses camarades s'apprêtaient à repartir, lorsque tout à coup, un milicien s'approcha d'eux, revolver au poing et leur intima l'ordre de descendre du véhicule.
Pour toute réponse, John qui se trouvait à côté du chauffeur, braqua sa mitraillette, et fit feu. Le milicien s'écroula, mais il avait eu le temps de tirer et le chauffeur Alex, touché à la tête, s'affala sur son volant.
La place était cernée. Les miliciens, un instant surpris, réagirent et firent feu de toutes parts en direction de la voiture.
Vial et Barnier, qui se trouvait à l'arrière, furent touchés à mort dès les premiers coups de feu. Seul, John résistait et tirait sans discontinuer, prenant les armes de ses camarades lorsque ses chargeurs furent vides, et parvint à tenir les miliciens à distance.
Alex, au volant, blessé à la nuque et au bras, reprenait ses esprits et son premier réflexe fut de mettre le moteur en route...
Ce fut un moment d'angoisse. Le moteur refusait de partir. Quand, enfin,il se mit à tourner, Alex démarra sans plus attendre, tout droit devant lui, n'ayant qu'un but, s'éloigner le plus vite possible des miliciens.
Et la manoeuvre réussit!.
La voiture parcourue quelques centaines de mètres avant que le moteur, touché par les balles, ne s'arrête définitivement.
Mais cela leur avait suffit pour échapper à leurs ennemis.
John et Alex rejoignirent le camp Wodli, laissant derrière eux, la rage au coeur, les corps de leurs deux camarades tués par les premiers rafales.
Furieux, les miliciens s'acharnèrent sur les cadavres, leur écrasant le visage à coups de talons.
Vial et Barnier avait à peine 20 ans, lorsque en 1943, ils décidèrent d'entrer dans la résistance.
Vial connut la répression des ses premières armes. Arrêté en avril 1943, il fut incarcéré à la maison d'arrêt du Puy d'où il s'évada six mois plus tard avec d'autres camarades de la résistance. Et il reprit le combat. On l'appelait "Polyte".
Je remercie infiniment Mme Alexandra Drevet pour toutes ces précisions quelle ma envoyé. Mme Alexandra Drevet, est la fille, Alexandre Drevet, alias "Alex".
Papa a été arrêté le 12 décembre 1940 par la police de Vichy, traduit devant le Conseil de Guerre de Clermont-Ferrand, et interné, comme John, au Camp de concentration français de Mauzac jusqu’en décembre 1941.
En mars 1943, il repart au maquis, est arrêté une 2ème fois en mai 1943, et interné à la prison du Puy. Il participe le 2 octobre 1943 à l’évasion collective qui permet à 80 résistants de recouvrer la liberté.
Il reprend son acticité au sein des FTP, tout en apprenant fortuitement qu’il vient d’être condamné, par contumace, aux travaux forcés à perpétuité.. Il fait équipe avec John, ils assurent le ravitaillement en tickets d’alimentation, vêtements, essence, transferts d’armes, de matériel parachuté, et de maquisards.
Le 3 avril 1944, à Firminy, en mission avec John et deux de leurs camarades, le véhicule a été pris sous le feu des miliciens. Les deux camarades de John et Alex ont péris dans l’opération, Alex a été blessé d’une balle au bas de la nuque et d’une autre dans le bras, mais il a pu s’échapper avec John, se faire soigner et rejoindre le Wodli quelques jours après.
L’étau de la milice se resserrant sur lui, il est arrêté pour la 3ème fois à St-Etienne le 1er mai 1944. Compte tenu des dossiers détenus sur lui par la police, la milice et la gestapo, il subit alors de multiples et pénibles interrogatoires avant son transfert à la prison St-Paul de Lyon et son transfert au camp de concentration de Dachau en août 1944, d’où il a été rapatrié en mai 1945 en mauvais état physique. Il lui a été remis successivement la Croix du Combattant 1939/1945, la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, la Médaille de la Résistance, la Croix de Guerre 1939/1945 avec Palme, la Médaille Militaire et la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Son père, Paul Drevet, a été interné également à la prison du Puy, arrêté en mai 1944 et déporté lui aussi à Dachau.
Alexandra Drevet.
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