Bastia Journal: Le 10 février 1934.

LA SITUATION DES REGIONS SINISTREES.

DES SKIEURS ALPINS SONT ARRIVES A BASTIA.

Le remorqueur Goliath a ramené hier de Nice 16 skieurs alpinistes dont nous avions annoncé l'arrivée.
Ces jeunes volontaires après s'être renduS à la sous-préfecture ont été mis en rapport avec M. le commandant Ottaviani, chargé de diriger les opérations de reconnaissance dans les haute régions du centre.
Ils partiront ce matin à la première heure pour Corte et de la, se formeront en trois équipes : l'une sous les ordres du commandant Ottaviani lui-même chargé de parcourir les cantons de Sermano, Piedicorte di Gaggio et le Bozio. Une deuxième commandée par le lieutenant Ferrari avec mission d'explorer la région de Vezzani. La troisième dirigée par M. de Villeroy aura pour but d'explorer le Giusani et la haute balagne.
Chaque chef d'équipe se maintiendra en liaison avec Corte afin de pouvoir transmettre chaque soir les renseignements recueillis sur la situation des localités dont on a encore reçu que des nouvelles assez vagues.

A ORTIPORIO.

25 cadavres ont été retrouvés.
Les travaux de déblaiement avance plus rapidement que l'on ne le croyait au début. Les hommes de troupe, aidés par les ouvriers des ponts et chaussées et l'équipe italienne sont parvenus à enlever complètement la couche de neige qui recouvrait les maisons effondrées et retardait les opérations.
D'après les dernières nouvelles reçues dans la soirée d'hier, 25 corps ont été retirés des décombres.
Il ne reste donc plus que 12 cadavres a dégagé et sur ce nombre sept ou huit sont déjà repérés.
Il y a donc tout lieu de croire que dans ces deux jours on pourra procéder aux formalités d'identification définitive et prendre les dispositions nécessaires pour les obsèques.
Ajoutons que les militaires placés sous les ordres du capitaine Chiarelli n'ont pas quitté Ortiporio depuis le lendemain de la catastrophe.
Tout malgré les difficultés de cantonnement et surtout de ravitaillement font preuve d'une endurance admirable. Il en est de même des équipes d'ouvriers civiles des ponts et chaussées et des terrassiers italiens qui avec autant de dévouement que de bonne volonté,coopèrent aux travaux de déblaiement.

LA VOIE FERREE DE BASTIA A AJACCIO.

Il y a exactement 8 jours que les trains ne circulent plus entre Bastia et Ajaccio. Jetant la perturbation dans la vie insulaire.
C'est là une situation particulièrement grave à laquelle la direction de la compagnie des chemins de fer départementaux s'efforce de remédier depuis le début de la catastrophe.
Mais les travaux ne vont pas sans difficultés entre Vivario et Vizzavona l'accumulation de la neige est telle qu'il faut sur certains points, creuser des tranchées de trois mètres de hauteur. Il y a lieu de tenir compte aussi de la neige durcie et enfin de la nécessité où l'on se trouve de rétablir les points de la voie ferrée coupé dans les éboulements.
Malgré toute la tête en sud doit être sur le point d'être dégagée
il y a lieu d'espérer que l'on pourra rétablir à bref délai et une circulation partielle des trains, très probablement avec transbordement sur les sections de la ligne en cours de travaux.

LES OBSEQUES DES VICTIME DE VIZZAVONA.

Hier matin ont eu lieu à Ventiseri d'où il était originaire les obsèques du malheureux inspecteur Moracchini dont le corps avait été transporté la veille d'Ajaccio.
M. de Roquemaunel et M. Polart se sont rendus à Ventiseri dans la cote orientale pour saluer au nom de la compagnie cette infortunée victime du devoir.
Le corps des autres victimes vont être dirigés sur Bastia. Ceux de la famille Saliceti seront ensuite transférés à Penta a Acquatella ou aura lieu l'inhumation.

MONSEIGNEUR RODIE A ORTIPORIO.

Monseigneur l'évêque, accompagné de monsieur le chanoine Mattei Lota, directeur des oeuvres, s'est rendu hier matin à Ortiporio apporter à cette population si éprouvée le témoignage de sa fraternelle sollicitude et de la part très vive qu'il prenait à son épreuve.
La population a été particulièrement sensible au geste de notre vaillant évêque qui n'a pas craint de gravir, à travers la neige, la rude montée de Barchetta à Ortiporio.

VENZOLASCA.

Aucune liaison n'ayant encore été faite avec les communes de Porri, Silvareccio, Piano, etc. le maire a par criée publiquement fait appel à la population, l'invitant à former un groupe et essayer si cela était possible de dégager une commune ou deux. Plusieurs Venzolascais armés de pioches, bêches, sserpes et des vivres quittent Venzolasca par petits groupes.
Avant d'arriver à Occagnano la jonction est faite et le groupe sous la direction du conseil municipal Albertini se met en route. La marche est très difficile et le groupe avance lentement. À l'embranchement dePorri cinq hommes sont désignés pour se rendre dans cette commune et le reste continue à avancer, la marche étant de plus en plus pénible par suite de la hauteur de neige il est nécessaire de remplacer très souvent l'homme de tête et c'est pendant un de ces changements que M. Cipriani Louis s'est enfoncé jusqu'aux épaules et que pour le dégager et il a fallu faire usage des pelles.
Vers 11 heures le groupe arrive sain et sauf à Silvareccio où il y a encore plus de 2 mètres de neige. Nous avons été bien reçus par M. le maire Paoli, et M. Raffaeli partie de la population. Plusieurs familles n'ont encore pu quitter leur logis.
Une reconnaissance est envoyée à Piano et à son retour elle signale qu'il y a rien d'anormal qu'il y a pas possibilité d'aller plus loin d'aller plus loin. Après une halte d'une heure que l'on met à profit pour manger, le groupe se remet en marche pour regagner Venzolasca avant la nuit. Pour le moment il y a rien d'anormal à Porri et à la Silvareccio, si ce n'est que bientôt les habitants manqueront de vivre et qu'aucun ravitaillement ne pourra se faire si la route n'est dégagée. Nous espérons que les pouvoirs publics voudront bien donner des ordres d'urgence et faire appel aux habitants des communes environnantes pour aider les troupe a dégagé ces malheureux. (Article Cristini)

TELEGRAMMES DE SYMPATHIE ET DE CONDOLEANCES.

Monsieur le sous-préfet de Bastia a reçu la communication suivante:.
Bastia, le 6 février 1934. Trop éloignée de la région de Campile, le personnel de notre usine de Folelli n'a pu apporter immédiatement un concours collectif aux sauveteurs qui se dépensent à Ortiporio, mais nous n'en mettons pas moins à votre entière disposition, pour être utilisé, sans réserve, le personnel, le matériel et les locaux dont nous disposons à notre usine de Folelli.
Veuillez agréer, Monsieur le sous-préfet, l'assurance de nos sentiments dévoués." Le directeur de la compagnie des extraits Tinctoriaux et Tannants, 4 boulevards du palais, Bastia".

Monsieur le sous-préfet a répondu par la lettre ci après:.
Bastia, le 9 février 1934. Monsieur le directeur, j'ai apprécié comme elle le méritait votre offre si généreuse.
Votre geste spontané et celui de vos collaborateurs vous a donné des droits à la reconnaissance des populations sinistrées de mon arrondissement qui, par ma voix, vous exprime leur inaltérable gratitude.
Veuillez agréer, Monsieur le directeur, mes remerciements, l'assurance de mes sentiments les plus distingués. " Le sous-préfet".

M. de Monera, fons de maire, a reçu de M. Pierre Sébastiani maire de la Porta, la lettre suivante.
Je remercie en mon nom personnel et au nom de la population Monsieur le maire de Bastia de l'empressement qu'il a mis à envoyer des secours pour la Porta et le canton. Je remercie toute la population de Bastia.
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Monsieur de Montera a répondu en ces termes.
Monsieur le maire,
votre lettre de remerciements m'a profondément touché. Nous avons essayé de faire de notre mieux décrit la situation alarmante du canton de la Porta nous à été signalées par votre conseiller général, mon ami Me. Moretti. C'est de tout coeur que la population Bastiaise à secouru ces frères de la Porta.
Veuillez transmettre à vos administrés toute ma sympathie et croyez Monsieur le maire, à mes sentiments les meilleurs.
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Marseille, 5 février 1934.
Étudiants Corses, 23 boulevards Dugommier, à Marseille, à M. le préfet de la Corse:.
"Prenons large part à douleur provoquée par l'effroyable catastrophe. Stop. Vous présentons ainsi qu'aux familles douloureusement touchées condoléances émues des étudiants de Marseille."
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Ajaccio, 5 février 1934.
Préfet à l'étudiants Corse, 23 boulevards Dugommier, à Marseille:.
" Vous remercie bien sincèrement de votre délicate attention. Ne manquerait pas de transmettre aux familles touchées par terrible catastrophe vos condoléances émues".

POUR LES SINISTRES.
Au cours de sa séance de jeudi soir tenu sous la présidence de M. Joseph Gregori, président, la chambre de commerce de Bastia, après avoir adressé l'expression de sa douloureuse sympathie aux familles des victimes de la catastrophe d'Ortiporio et aux sinistres de la tempête du 3 février, a voté, à titre de participation à la souscription ouverte sur l'initiative de la croix rouge la somme de 8 000 F.

AVIS.
Il est rappelé que les dons en espèces destinées à secourir les sinistrés des calamités des 4.5.6 février doivent être versés, soit à la société bastiaise de crédit (ancienne banque Fantauzzi et Gregori) soit à la société générale.
Un comité de secours qui s'est constitué à la sous-préfecture de Bastia, sous la présidence de M. Beaugrand, sous-préfet, sur seul charge de la répartition des secours que les généreux donateurs auront bien voulus faire parvenir.

AVIS AU PUBLIC.

La circulation sur la route nationale numéro 193 est interrompue entre Ponte Nuovo et Ponte Leccia au P. K. 110K, par suite d'un important éboulement. Un avis ultérieur fera connaître la date du rétablissement de la circulation.

La Suite du Bastia Journal, du 11 Février 1934.

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