Le 16 août, date traditionnelle de la fête de Saint Roch tombait cette année un dimanche, ce qui donnait à la cérémonie un caractère encore plus solennel. C’est un prêtre du diocèse de Poitiers qui est venu célébrer la messe à 11h, dans l’église paroissiale Saint Michel, rappelant dans son homélie l’exemple de Saint Roch, thaumaturge et pèlerin, pauvre parmi les pauvres et marchant à la rencontre des autres, sans préjugé. Une assistance nombreuse, des chants partagés, et bien que la traditionnelle procession n’ait pas eu lieu, un temps de communion bien ressentie par les participants, venus de Nocario, Campana, Verdese, et même de plus loin.
Pour les habitants de chaque hameau de Nocario, Paul Battesti a fait bénir les traditionnels petits pains pour tous les absents afin que personne ne soit oublié.
Bénédiction des pains de la Saint Roch à la fin de la messe
Charly Marcelli, en chrétien fervent, souhaitait que l’on restât fidèle au geste pieux de Louis Ciavaldini qui avait offert pour la chapelle de Sainte Barbe, à Nocario, une statue éponyme de Saint Louis. Le premier saint Louis qui vient à l’esprit, le plus connu de tous, c’est évidemment Louis IX, fils de Blanche de Castille, roi de France, qui régna pendant 43 ans sur le trône de France et mourut à Carthage (Tunis) le 25 août 1270, considéré comme saint de son vivant et canonisé en 1297. C’est pourquoi une procession eut lieu à Nocario le 25 août 2019, date de la fête du saint roi. Toutefois, un doute s’instilla dans les esprits quand fut mené en procession le don de Louis Ciavaldini qu’il porta lui seul à pleins bras il y a quelques années : le saint représenté est vêtu comme un prêtre, avec soutane et surplis, d’une manière peu conforme aux représentations habituelles de Louis IX, couronne sur la tête, et sceptre en main, assis sur le trône royal. Il y a bien une couronne sur la statue de la chapelle Saint Barbe, mais elle est aux pieds du saint, et non sur son chef. Une brève recherche sur le site nominis.fr permit de lever l’ambiguïté : il s’agit de Saint Louis de Gonzague, promis à la couronne de la principauté de Mantoue, mais qui fit vœu de chasteté, abdiqua en faveur de son frère, entra dans la compagnie de Jésus et mourut à 23 ans de la peste pour avoir soigné ses contemporains malades. Ainsi s’expliquent les attributs de la statue : la fleur de lys de la chasteté, la croix de Jésus-Christ de celui qui a préféré la prêtrise à la couronne, qui d’ailleurs gît à ses pieds en signe de dédain de la vanité terrestre. Voici la statue de la chapelle Saint Barbe :
Saint Louis de Gonzague est représenté jeune, en habit de prêtre, fleur de lys et croix en main, la couronne princière à ses pieds.
Cette représentation est fréquente, ainsi qu’on peut le voir sur le catalogue du site Holyart, spécialisé dans les articles religieux.
On retrouve sur cet exemplaire les attributs du saint : la couronne à ses pieds est portée par une « vanité » pour souligner la préférence du saint pour les richesses du ciel.
Ainsi, il serait préférable de fêter Saint Louis de Gonzague, non le 25 août mais le 21 juin, qui est la fête officielle du saint jésuite italien. Il est donné comme un exemple pour la jeunesse, et Saint Jean Paul II l’a institué en 1991 Saint Patron des personnes atteintes du Sida.
Les précautions sanitaires qui perturbent l’été 2020 n’ont arrêté ni une bonne partie des habitants de NOCARIO, ni le père Piotr, pour célébrer la messe et sortir la statue de Saint Laurent autour de La Chapelle Saint Jean ce lundi 10 août. Ces rassemblements religieux ne compensent pas totalement la joie habituelle de l’été, cet année privé de Via Romana et de grand repas du village, mais ils permettent la nécessaire convivialité d’une communauté qui est une grande famille. La tradition de fêter Saint Laurent à Celle e Petricaghju, qui rappelle le martyr du saint et son engagement pour les pauvres en fait partie, comme les exquises frappe et le doux muscat d’après la messe, sur la place Saint Jean devenue agora joyeuse jusqu’à ce que le soleil disparaisse derrière le San Pedrone, notre échelle vers le ciel.
Messe et procession pour la Saint Laurent. Merci à Jos Hoogenbosch pour les photos.
Musique d’arrière plan (Mañana de carnaval – Jobim/Moraes) gracieusement interprétée par Nicolas et Nanou
Lorsqu’on se dirige vers le San Pedrone depuis le col de Prato, on rencontre au bout de moins d’un kilomètre un chemin montant vers la gauche dans le bois. Lorsque les frondaisons s’éclaircissent, apparaît un édifice en ruine, s’achevant sur une petite chapelle de style roman dotée d’une abside en cul de four.
Chapelle San Pietro d’Accia
Nombreux sont les habitants de l’Orezza ou de l’Ampugnani à y reconnaître l’emplacement de l’ancienne cathédrale du plus petit des six diocèses historiques de Corse, où chaque année au premier août quelques fidèles se rassemblent pour vénérer Saint Pierre aux Liens, y assister à une messe et à redescendre en procession la statue du saint jusqu’au col de Prato.
C’est la confrérie de Santa Croce de Quercitello et Stoppia Nova qui anime la messe et la procession par ses chants et sa présence en costumes de la « cunfraterna ». Le père Piotr est le célébrant. La seconde prière du Saint Père François en temps de crise sanitaire est lue après l’homélie.
Arrivés au Col de Prato, dans l’ancienne aire de battage, les porteurs de la statue de Saint Pierre, la tournent vers chaque point cardinal pour une bénédiction. Le « Dio vi salvi » conclut la cérémonie et tout le monde est invité à un verre de l’amitié dans la salle commune. Comme sont beaux ces lieux de Corse que les traditions ancestrales vivifient encore et pour longtemps.