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Célébration solennelle du 11 novembre 2018
Ce 11 novembre 2018, cent ans après la l’armistice de 1918, a été commémoré partout en Corse et sur le continent de manière particulièrement solennelle. A l’initiative de Francis Pomponi, maire de Verdese et historien, Paul Battesti, maire de Nocario, Marie-Joséphine Colombani épouse Grimaldi, maire de Campana, ont célébré ensemble le souvenir de l’armistice du 11 novembre 1918, en présence du sous-préfet de Corte, Ronan Leaustic, du député de la circonscription, Jean-Félix Acquaviva, un représentant de l’armée, M. Poletti de Verdese, et du commandant de la brigade de gendarmerie de Piedicroce.
Un maître de cérémonie guidait avec précision les participants pour respecter le protocole et conserver toute sa solennité à la commémoration. Trois enfants ont ranimé une flamme, figurant la flamme du soldat inconnu. Devant un pupitre placé à la hauteur du monument aux morts, sur la place de l’église Saint Michel, Paul Battesti, Francis Pomponi et Jean-Félix Acquaviva ont prononcé le discours de circonstance, et M. le Sous-Préfet a lu l’allocution du Président de la République, confiée à toutes les communes de France.
Parmi les gerbes déposées, on a remarqué entre autres celle du Conseil Municipal et celle du Souvenir Français. Des jeeps de collectionneurs passionnés, souvenirs de l’armée américaine, apportaient une ambiance particulière. Après de chaleureuses congratulations, un vin d’honneur et des frappe ont rassemblé tout le monde dans la salle des fêtes, où pour l’occasion étaient exposées des photographies de la Grande Guerre.
11 novembre Saint Martin à Erbaggio
Les habitants de Nocario sont toujours fidèle à la célébration de la Saint Martin, le saint auquel la chapelle d’Erbaggio est dédiée. Il est bon alors de rappeler que le terme de chapelle est issu de « cappa », la cape que le saint alors légionnaire romain à Amiens, partagea de moitié pour en couvrir un pauvre que mordait le froid. Si la cape elle-même appartenait à l’armée romaine, la doublure était propriété de Martin, qui donnait ainsi ce qu’il possédait.
La cape de Saint Martin devint après sa mort une relique déposée et vénérée dans une pièce qui devint ainsi « cappella », »chapelle ». Saint Martin fut le fondateur du premier monastère en Gaule, en 361, à Ligugé, près de Poitiers. Les habitants de Tours le firent évêque contre son propre consentement. Martin ne changea rien à sa vie simple imitée de Jésus-Christ. La légende dit qu’au passage de sa dépouille, ramenée de Candes à Tours sur la Loire, les fleurs se mirent à éclore, en plein novembre. Ce fut l’origine de l’expression « l’été de la Saint Martin ». On connaît la chanson de Jean Ferrat.
Si ce n’était l’été à Erbaggio, c’était une belle journée que les villageois ont marqué de leurs prières et de leurs chants, au cours de la messe célébrée par le Père Piotr et durant la procession traditionnelle autour de l’église.
Grosse pluie sur le village
Une video envoyée par Patrick Alessandri
Crue du Fium’Alto
Crue du Fium’Alto
Publiée par Gendarmerie de Corse sur Mercredi 17 octobre 2018
L’épicerie de Françoise
Il est un autre commerce de village dont se souviennent ceux de la génération devenus les grands-parents d’aujourd’hui, une épicerie discrète à proximité de la placette de la chapelle Sainte Barbe à Nocario, dont Françoise Marcelli fut la figure tutélaire depuis la deuxième décennie du siècle dernier jusqu’à sans doute 1975.
C’est Victor Marcelli, son frère Charly, et leur sœur Josée, ses neveux et nièce, qui rassemblent leurs souvenirs pour évoquer ce passé que beaucoup d’habitants de Nocario ont vécu et partagé.
Un commerce fondé en 1891
Si Françoise est la personnalité dominante de la dernière période d’activité de ce commerce de village, Victor rappelle que le
fondateur en fut Ghjuvan-Orsu Marcelli (Jean-Ours), dans la dernière décennie du XIXe siècle, ce qui est attesté par un livre de comptes daté de 1891, conservé précieusement par la famille. Jean-Ours était boucher de son état, mais dès 1897, les écritures révèlent que le commerce se diversifie et propose à la vente d’autres denrées alimentaires. Cette première épicerie était située en haut du village « nantu a riba », près de la maison actuelle de François-Xavier Amoni et ce n’est que vers 1920 que s’ouvrit l’épicerie du bas du hameau, demeure aujourd’hui de Josée.
Ce lieu fut d’abord une école communale, transférée plus tard successivement en deux endroits différents. (Nous consacrerons ultérieurement un article à ces écoles communales qu’ont connues bien des nocariais.)
Précocité au travail
L’école, Françoise, benjamine de la fratrie de cinq enfants, fruit de l’union de Jean-Ours et de Rose- Marie Bianchi, ne la fréquenta que par courtes intermittences. Rose-Marie décéda en 1903, quand Françoise n’avait que trois ans, et bientôt Jean-Ours eut recours à sa force de travail pour assurer le fonctionnement de la petite entreprise. Il venait souvent à la porte de l’école réclamer la présence de sa fille au travail : « Ci vuole chi Françoise colli» (il faut que Françoise monte). C’est ce qui provoque l’admiration envers Françoise, qui avec une fréquentation sporadique de l’école et quelques cours du soir donnés par les institutrices logées sur place, sut, durant tout le temps de son activité, écrire les achats sur le journal des ventes, et compter avec virtuosité (et en langue corse) le crédit de chaque client. Comme à Solane, ceux-ci ne réglaient qu’en fin de mois.
On vendait de tout à l’épicerie, en dehors des denrées périssables et l’on fournissait à la clientèle du fromage de chèvre, produit de l’élevage auquel Victor lui-même participait, de la charcuterie. Sept
tonnes de châtaignes séchaient sur la grata (la claie) au-dessus du fugone, conservée par Victor en souvenir de ces années à la fois rudes et tendres, où l’on devait se serrer dans un coin de la salle pour prendre les repas à l’abri de la chute hasardeuse des vers, tombés des châtaignes destinées essentiellement à la nourriture des porcs, qui fournissaient la viande pour la charcuterie.
Les marques de la guerre
Lorsque Françoise commença à faire le pain, elle était adolescente. Le XXe siécle inaugurait une guerre mondiale, qui ne laissa pratiquement aucun village de France indemne du sacrifice de ses jeunes gens. Sur les cinq enfants de Jean-Ours Marcelli, deux périrent pour la patrie, Charles-Mathieu, sur un champ de bataille inconnu, et Joseph, dans le naufrage du « Balkans » torpillé par un sous-marin allemand, le 16 août 1918, il y a maintenant cent ans. Victor (oncle du Victor qui nous parle) décéda en 1952. Seul César eut une belle et nombreuse descendance de sept enfants que d’aucuns connaissent aujourd’hui, comme personnalités présentes de Nocario : Rosine, Jean (qui nous quitta en 2012), Marie-Ange, connue par le surnom de Mi-Ange, Jacky, prêtre, décédé en 1981, Josée, Charly et Victor, qui rappelle aujourd’hui la mémoire de l’épicerie de Françoise.
Françoise sacrifia aussi d’une certaine manière une partie de sa vie. Comme la Céline de la chanson de Hugues Aufray, elle ne se maria jamais, malgré les demandes, occupée par l’intense travail du commerce indispensable à la subsistance de la famille.
Pas de temps pour flâner
Et quel travail !
Jusqu’en 1961, lorsqu’un accident vasculaire limita son activité,
Françoise élabora et cuisit, tous les jours en période estivale, une fournée de 50 pains, après avoir fait la veille le levain, puis s’être levée à trois heures du matin, avoir pétri la pâte à la main, chauffé le four et enfourné les pains. Elle confectionnait elle-même les fagots de bruyère, les ramenait avec l’âne de César, et ne ménageait pas son neveu Charly qu’elle réveillait à 3h du matin, espérant faire de lui le futur boulanger. (Victor, lui, durant la période de ramassage des châtaignes, avait droit à un réveil plus doux, grâce à une tasse de café passée sous son nez.) Le pain sortait du four à 12h, et la première fougasse était le privilège du facteur Zucarelli. De nombreux clients attendaient le bon pain chaud, et d’autres villageois profitaient de la chaleur résiduelle pour cuire poulets et rôtis. Le mercredi, les Cars Marcelli emportaient une livraison de pain pour le bar Carnot de Bastia.
Lorsqu’arrivait le temps des châtaignes, Françoise mobilisait ses troupes pour une intense activité qu’elle dirigeait avec passion, une passion partagée avec son neveu Jean. Les enfants ne pouvaient plus aller à l’école, car il fallait débroussailler sous les arbres et ramasser les châtaignes malgré le froid, l’humidité et les bogues piquantes. On déjeunait sur place, mais Françoise ne prenait même pas le temps de manger. Jusqu’à l’âge de 80 ans, elle continua à ramasser ses deux tonnes de châtaignes.
Outre le pain et les châtaignes, elle cultivait le jardin potager, et confectionnait la charcuterie. La tenue de la maison, le ménage, les repas, la famille, c’était la tâche quotidienne d’Anne-Lucie, la maman de Victor et de tous les enfants, ce qui ne la dispensait pas de la corvée familiale du ramassage des châtaignes. La vente à l’épicerie était un service permanent. Dès qu’un client se présentait, celui ou celle disponible descendait le servir.
Pour ne pas oublier
La clochette de l’épicerie Marcelli
Nettoyage, prétexte à partage
Vendredi 17 août 2018, invitation à nettoyer la chapelle Sainte Barbe, dont il était dit par avance qu’une bonne âme avait déjà fait le plus gros du travail. Il y avait donc plus de seaux et de balais que de poussière à éliminer, quoique certaines dames aient un œil suffisamment expert pour trouver encore à parfaire le travail. Quoi qu’il en soit, avec l’énergie des plus jeunes, tout fut vite expédié, et rapidement exposés plats salés et sucrés aux appétits de ceux qui avaient fait le déplacement. Une bonne occasion d’à nouveau se rassembler.
Les petits pains de la Saint Roch
Ce jeudi 16 août 2018, l’église Saint Michel était grande ouverte pour la fête de Saint Roch, accueillant les habitants des trois hameaux pour y assister à une messe célébrée par un très sympathique prêtre polonais, ami du Père Piotr.
Temps de ressourcement et de rencontre, occasion de méditer sur l’exemple du célèbre saint thaumaturge dévoué à ses semblables jusqu’à être atteint par la peste qu’il combattait. Le prêtre à beaucoup insisté dans son homélie sur le symbolisme du chien légendaire qui venait nourrir Saint Roch au fond de la forêt où il s’était réfugié : signe du secours divin et de l’humble providence. Pour terminer son évocation de la vie du Saint, il a lu une prière rédigée par ses soins, actualisant l’exemple de Saint Roch en invitant les chrétiens à l’accueil des malheureux et à l’attention aux plus fragiles.
Quatre volontaires ont ensuite porté la belle statue de Saint Roch autour de l’église, accompagnés par les fidèles et le célébrant, qui a achevé la cérémonie par la traditionnelle bénédiction des pains, distribués aux familles et portés aux absents, y compris par notre maire lui-même.
Puissent-ils attendrir tous les cœurs.
Digne fête de Saint Laurent, 10 août 2018
La fête traditionnelle de la Saint Laurent, le 10 août 2018, a été dignement célébrée dans La Chapelle Saint Jean de Celle e Petricaggio, avec une trentaine d’habitants des hameaux, que la tradition rassemble, quelle que soit leur ferveur religieuse.
Le temps était incertain, et le Père Piotr, ralenti par une pluie torrentielle à Folelli, se demandait si la célébration avait toujours lieu. Mais le temps n’avait dissuadé personne, et la messe fut dite, sans chants, hormis le «Dio vi salvi Regina » final. Une pluie d’été est souvent intermittente, et un court répit à la fin de la messe autorisa les participants, qui n’avaient pourtant pas pu sortir la statue de Saint Laurent en procession autour de la chapelle, à déguster les frappes fraîches de Manu, d’Erbaggio, et le joyeux muscat offert par la municipalité.
Dans son homélie, le Père Piotr n’a pas manqué de rappeler que Saint Laurent fut martyrisé pour avoir refusé de livrer les biens de l’Eglise, présentant à ses persécuteurs les pauvres, les malades, les enfants, qui sont le vrai trésor de l’Eglise. Les enfants étaient bien présents dans notre chapelle, comme la plus belle offrande des habitants au Dieu de miséricorde. Et c’est avec un cœur d’enfant que Paul et Jos ont sonné les cloches de Saint Jean.